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Le retour de l'éthique

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Message par Admin Mer 23 Déc - 11:35

Depuis les attentats du 13 novembre, puis la cop21, les élections régionales, j’ai médité chaque jour une réponse à cette situation, à ce qu’elle renvoie de nous-mêmes, de notre situation en démocratie. Et je suis au désespoir de produire une réflexion, car il ne m’est sorti qu’une réponse du cœur que voici :
Où est la démocratie ? Où sont les hommes ? Où sont passés les valeurs qui faisaient la fierté de notre démocratie ? Je cherche l’homme. Il n’y a plus que des individus, des atomes noyés dans la masse. Je ne croise plus personne pour croire en elles, ou alors quelqu’un qui ne parait là que pour confirmer, dans la manière dont il s’exprime qu’il s’agit d’un fossile.

Article 1 de notre Constitution : Il n’est plus autorisé d’avoir des aspirations. Estimez-vous heureux maintenant.

Et pourtant, j’ai 19 ans, pas 80 et j’écris cet article car je dois déclarer que je ne me guéris décidément pas d’espérer, malgré toute ma bonne volonté. Sitôt que je me repose et que je rentre en moi-même, cette folie me reprend et je me mets infailliblement à rêver, je produis des utopies.

On a eu beau m’expliquer que notre époque n’était plus celle de l’humanisme mais celle de la technique, que tout s’était effondré, idéaux, valeurs, que Dieu l’éternel lui-même était mort, je n’ai pas su reconnaitre leurs cadavres, je ne l’ai vu pas tués dans le Ciel, je n’ai pas constaté qu’idéaux, valeurs et Dieu étaient morts au-dessus de nous mais j’ai plutôt eu le sentiment que c’était, nous, hommes, qui n’allions pas très bien, et que nous étions comme morts, comme écrasés à leurs pieds, tandis qu’elles, immuables, étaient restés de marbre, impérissables, devant nous qui chutions sans fin face à leur insensibilité.

J’appartiens donc à cette espèce en voie de disparation qui croit encore à l’humanisme, à l’idéalisme criard, naïf, mièvre, tout ce que vous voulez et dont il faudrait déclarer la protection comme on fait de l’ours polaire ou du panda. Et à mesure que je grandis, cette conviction aussi… Elle revient sitôt que je l’éloigne. Pardonnez-moi, soignez-moi si vous le pouvez.

A vrai dire, le problème sur lequel je ne cesse de me heurter est l’universel moral, gros mots qui ne cessent d’être foulée aux pieds aujourd’hui.
Qui veut encore défendre des valeurs universelles en lesquelles nous avons cru ? Qui veut aller chercher ce flambeau fumant dans la marée puante de décombres de notre civilisation ? Qui se porte volontaire pour recevoir des coups et ne jamais connaître probablement l’heure de sa récompense, n’être qu’un des multiples maillons dans un mouvement de réveil qui le dépassera toujours ? Et pourtant il en faut encore pour endosser cette tâche ingrate, et certains l’endosseront par devoir, par nécessité, comme la pierre jetée tombe au sol, comme une loi, et ils se verront accusés d’à peu près tout ce qu’ils contestent justement. Ils défendront l’humilité et on leur dira que qu’ils se croient supérieurs et qu’ils donnent des leçons. Ils appelleront à l’amour et parce qu’ils ont ouvert la bouche, on leur reprochera de réveiller les vieilles querelles. Ils s’adresseront au cœur de l’homme et on les accusera de remuer les rancœurs enfouies au plus profond des êtres.

Je veux vous défendre l’universel. L’universel, ce n’est pas l’unité, encore moins l’uniformisation. Il n’y a plus personne pour défendre l’universel. Qui sommes-nous, occidentaux, pour jouer les justiciers ? Il fallait être au faîte de notre puissance pour cela, il fallait avoir sous notre coupe presque toute la planète pour être légitime.

C’est justement l’inverse qui est vrai. On domine par le joug politique parce qu’on ne peut rallier par l’esprit… C’est parce que la Révolution française ne s’est pas répandu universellement que Bonaparte a pu prendre le relai… C’est parce que la démocratie ne prenait pas à l’intérieur, parce que nous ne nous entendions pas avec nos voisins, que nous avons espéré nous rattraper en développant ailleurs un empire colonial, que nous n’avons qu’ensuite justifié de bric et de broc avec des idéaux qui y étaient par principes opposés. De même, globalement, des intellectuels comme Montesquieu, Montaigne, Victor Hugo qui font notre gloire ont assurément plus joué le rôle de frein à ce que nous critiquons que d’accélérateurs.

Il y a une unification par l’intérieur, qui consiste à tout ingérer en le dominant petit à petit et qui finit par réduire à néant la pluralité. Cette unification conduit au totalitarisme. Il y a une unification à l’extérieur, l’exact opposé, qui fait de notre néant une pluralité, qui vise à transmettre et à partager ces idées sous un mode universaliste, par des insurrections internes aux pays en visant à lui donner les moyens de sa propre liberté. Cette unification c’est l’universalisme de ceux qui ont tant lutté face aux totalitarismes.

Nous ne cessons de payer le prix des totalitarismes, justement par la peur paralysante que nous en avons. Or, la hantise du totalitarisme conduit vers un autre extrême : la déliquescence de notre société, ce que j’appelle un anarcho-libéralisme, qui nous rend prisonniers d’une logique financière. Et si on s’attaque à ces potentats, on se voit immédiatement renvoyés à cette critique d’anti-démocratie. C’est ce qu’on a appris aujourd’hui à appeler un point Godwin : un interlocuteur n’a plus d’argument dont il recourt à Hitler. Nous ne doutons pas que c’est précisément quand nous l’employons n’importe comment, justement en prétendant nous y opposer, que nous payons encore et encore les prix de ce désastre absolu, preuve que ce mal s’est introduit partout. Des hommes, des idées qui n’avaient rien à voir avec les totalitarismes se voient récupérés : c’est justement ce que voulaient ce dernier, salir ce qu’ils approchaient. Il y a argument du totalitarisme plus en disant qu’il n’y a pas totalitarisme et en expliquant pourquoi…

Nous ne valons pas plus que les autres mais il faut bien que quelqu’un se décide à le faire et si personne ne se présente d’autre, que ce soit nous et c’est pourquoi, puisque personne d’autre n’est là, puisque d’autres pays non occidentaux s’enfoncent dans un nationalisme à la Poutine qui nie la démocratie. Mais c’est aussi par nos erreurs que nous pouvons dire seulement que nous avons quelque chose à dire. C’est parce que nous avons à nous rattraper des atrocités que nous avons commises, et dont beaucoup d’Occidentaux sont marqués par un remords que je crois sincère, une faute que nous portons d’autres générations, dont nous sommes marqués et que nous payons peut être à retardement...

Dès lors, nous ne contribuerons pas à effacer notre faute en continuant à s’accrocher aux intérêts égoïstes de notre nation et en rêvant à notre grandeur passée (celle dont l’assurance nous a justement conduit à l’autodestruction) alors que notre société de consommation est justement celle de surabondance, un système où sans que nous ne nous en rendions compte, nous sommes assis sur les plus pauvres, les autres pays et leurs retirons les biens qu’ils produisent eux-mêmes, système qui est aujourd’hui en passe de générer tant de dérèglement climatiques. Les temps requièrent donc non que nous servions non pas un intérêt particulier pour un général, mais, pour ainsi dire, que nous allions à l’encontre de notre propre intérêt pour revenir aux plus pauvres, pour redonner ce dont nous n’avons plus besoins, nous, européens décadents à force d’être gâtés, comme des hommes qui ne seraient plus que nourris sans faire d’efforts. Les temps requièrent que nous travaillions pour construire un demain que nous ne verrons pas, dont nous ne cueillerons peut être jamais les fruits.

Cette lutte pour la démocratie, c’est à toutes les démocraties du monde, qu’elles soient occidentales ou non, de la mener. La lutte pour la démocratie a pour visée la venue d’une paix universelle et l’union dans l’Amour, le Dieu d’Amour, seul véritable Dieu, plus que tous les idéaux de dieux métaphysiques et autres intérêts particuliers. Nous devons rivaliser non pour nous entretuer mais pour la paix. C’est pourquoi je suis persuadé qu’il n’y aura pas de France si cette dernière ne s’efforce pas de rivaliser pour la démocratie, par le biais de l’Europe et de tous les leviers dont elle dispose, vise à se faire la première la champion de la démocratie, non au-dessus des autres par rapport aux autres, mais pour que les autres veuillent l’être aussi. Le problème n’est pas à mon sens les « actions à faire » : il est notre faculté à renouer avec nos vrais valeurs, notre faculté à espérer à nouveau et à rebondir de notre marasme.

Je rêve d’une France qui devienne enfin le véritable champion de la démocratie qu’elle a failli être maintes fois dans son histoire mais qu’elle n’a jamais été véritablement. Il nous faut espérer, espérer sans savoir, dans le vide, ce sans quoi nous n’aurons jamais la force d’appliquer les plus belles idées, si belles qu’elles soient.

A nouveau, je crois qu’une des plus grandes absurdités en laquelle nous avons cru et que l’histoire était finie, parce que, nous, Occidentaux, étions arrivés effectivement à un certain stade de stabilisation. Mais cela ne concerne pas tous les autres pays. En vérité, nous n’avons jamais vraiment défendu nos valeurs de démocratie : au XVIe siècle, l’humanisme et les appels à la tolérance n’ont pas su éviter la rupture et les guerres des religions, au tournant du XVIIIe siècle nos révolutions ont viré en régimes autoritaires et engendré le dévastateur de l’Europe, « tyran sacré », Bonaparte. Au XIX siècle, de nombreuses révolutions ont échoué et la révolution industrielle a fait exploser les inégalités. Les nations et la paix de l’Europe s’est construite dans un colonialisme sur fond de racisme entre monarchies régnantes. Puis sont venues les guerres mondiales, au XXe siècle et la guerre froide qui nous a fait soutenir des dictateurs les plus crapuleux par peur du communisme, en essayant de nous assurer quelques intérêts malgré la décolonisation. Nous n’avons donc jamais été démocrates mais nous avons mis en avant théoriquement cet idéal.

Défendre la démocratie n’est plus possible si nous nous devenons à notre tour blanc comme linge. Si universel il y a, il ne pourrait y avoir que par une démocratie irréprochable qui rompe définitivement avec toute compromission néo-coloniale sous toutes ses formes, de près ou de loin. Et s’il n’y a pas d’universel, nous savons que l’épée de Damoclès de la guerre nucléaire est au-dessus de nous. Nous n’avons guère le choix. A vrai dire, c’est maintenant que nous avons le champ libre pour la démocratie, après tant de souffrances il est vrai, qu’il n’y a pas d’autres voies, que nous nous défilons de notre véritable mission et restons interdits.

La fin de l’Histoire de Fukuyama n’est que fin des histoires nationales, des romans des peuples pour le commencement de la seule véritable Histoire, l’histoire internationale, qui est celle de la construction d’une Humanité en harmonie avec son milieu, et capable qui sait, d’essaimer au-delà de la planète Terre pour assurer sa survie. La fin des temps est le commencement du Temps. L’histoire ne sera pas finie et les conflits ne sont pas évitables tant que toute la planète ne parviendra pas à cet idéal d’Amour, de démocratie, d’humanisme, d’état de droit, d’universalisme en lequel je ne guéris pas décidément de croire et qui seul encore pour moi a un sens dans l’abandon de tout auquel j’ai l’impression de me heurter. Et je crois que c’est l’enjeu de notre siècle d’espérer à nouveau, de revenir à nos idéaux abandonnés, quelles que soient les critiques que nous subissons des autres, pour devenir enfin des modèles démocratiques.





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